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Les six mois prochains, la mode sera aux totems et aux tabous, à la mythologie bororo et au structuralisme, aux débats infinis sur le cru et le cuit. On parlera tropiques, mais ce ne sera pas triste. Le 28 novembre, en effet, le grand ethnologue Claude Lévi-Strauss aura 100 ans. Et le 2 mai ce sont sept grands textes, choisis par lui, de son oeuvre révolutionnaire, polymorphe, stimulante et chateaubrianesque qui revêtiront l’habit pleine peau de la « Pléiade ». L’occasion ou jamais de visiter la planète Lévi-Strauss.
Jusqu’au mois d’octobre 2007, Claude Lévi-Strauss continuait à se rendre deux fois par semaine à son bureau du laboratoire d’anthropologie sociale au Collège de France. L’accès n’est pas facile ; il faut prendre un petit escalier en colimaçon. La pièce domine la bibliothèque de recherche et une large fenêtre s’ouvre sur les jeunes chercheurs qui y travaillent. Le maître les contemple et ils contemplent le maître. C’est ce « regard éloigné » et surplombant qui semble le mieux définir le grand ethnologue. L’âge n’est pas en cause, même s’il reconnaît appartenir à un autre temps : « Mon oeuvre termine une époque ; elle est encore ancrée dans le XIXe siècle. » C’est surtout l’absence de toute complaisance envers son époque comme envers lui-même qui frappe chez lui : « J’ai le sentiment de n’avoir pas fait ce que j’aurais dû », avoue-t-il. Son rêve pour une vie réussie : « L’art, et surtout la musique », parce qu’ « elle se suffit à elle-même » et n’a pas besoin de discours d’accompagnement. On dit que sa tétralogie sur les mythes sauvages (les quatre volumes des « Mythologiques ») est composée comme un opéra ; mais « ce n’est qu’un ersatz », regrette-t-il.
1908 : naissance à Bruxelles. Etudes secondaires à Paris et études supérieures à la Sorbonne. Il est deuxième à l'agrégation de philosophie en 1931.
1935 : nommé membre de la mission universitaire au Brésil. Il organise plusieurs missions ethnographiques dans le Mato Grosso et en Amazonie.
1939 : de retour à Paris, il est mobilisé sur la ligne Maginot. Après l'armistice, il est affecté en lycée, puis révoqué à cause des lois raciales.
1941 : il quitte la France et se réfugie à New York.
En 1944, il est rappelé en France par le ministère des Affaires étrangères ; il s'engage dans les Forces françaises libres.
En 1945 , il est envoyé aux Etats-Unis pour occuper les fonctions de conseiller culturel auprès de l'ambassade. Il démissionne en 1948 pour achever sa thèse.
1949 : devient sous-directeur du musée de l'Homme, puis directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études.
1959 : élu au Collège de France à la chaire d'anthropologie sociale.
1973 : élu à l'Académie française.
2007 : conservateur d'honneur du musée du Quai-Branly.
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